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Dans un lot de plaques de verre du photographe de l’Ile Bouchard Louis FERRAND, sur la vie quotidienne dans la région au début du XXème siècle, il y avait deux photos de mariage où la mariée et plusieurs autres femmes portaient la coiffe bigoudène.
Interpellé par cette découverte, nous avons commencé un travail de recherche sur l’origine de ces photos.
Les dépouillements de l’État Civil et des recensements de l’époque (jusqu’en 1936) ont mis en évidence une émigration bretonne en Bouchardais, provenant notamment du Pays Bigouden et du centre Finistère.
Ainsi une centaine de Bretons sont venus chercher du travail durant cette période. Ils sont venus pour une importante majorité en famille avec leurs enfants.
On peut estimer ainsi que plus de 200 bretons (sans compter les enfants nés sur place) ont vécu pendant cette période dans le Bouchardais, certains pour quelques années, d’autres pour s’installer définitivement.
Les deux photos
Mariage de Marie Jeanne Monot (Loctudy) avec Yves Guéguen
(Plonévez du Faou) en 1924 à Trogues
Mariage de Corentin Cariou (Combrit) et de Louise Morvan (St Jean Trolimon) en 1927 à Trogues
Pourquoi sont-ils venus ?
D’après les recensements, ils étaient soit cultivateurs soit ouvriers d’usine (carriers, chaufourniers, haveurs) aux fours à chaux de Paviers.
Les cultivateurs habitaient principalement à Brizay (Cléré le Grand et le château du Haut Brizay) et dans plusieurs communes du Bouchardais.
Les ouvriers habitaient à Trogues (Cité Rivage de Vienne et dans les hameaux environnants notamment à Vau Guérin qui était une dépendance du château de Paviers), à Crouzilles (Cité de Paviers) et à Mougon.
Ainsi à Trogues en 1926 il y avait 67 bretons dont 32 Bigoudens pour 475 habitants et à Crouzilles 52 Bretons dont 28 Bigoudens pour 777 habitants.
Il y eut une soixantaine de mariages de Bretons, dont 13 à Crouzilles, 11 à Trogues ainsi qu’à L’Ile Bouchard et 8 à Brizay.
Usine de Paviers
La matière première était extraite d'une carrière souterraine, dont le tunnel de sortie débouchait dans l'usine.
Les galeries de cette carrière s'étendaient loin vers le Nord sous les terres du domaine du château de Paviers, leur développement était de 90 kilomètres.
Lechâteau appartenait bien entendu au propriétaire des mines et de l’usine !
Une extension de l’usine en 1924 explique le besoin de main-d’œuvre et l’arrivée de nombreux Bigoudens. Certains sont repartis après l’incendie dans le four à ciment en 1928.
Installation des Bretons en Bouchardais
Lieux de naissance des Finistériens émigrés en Bouchardais
Communes d’installation des familles bretonnes
Les listes des Bretons nés dans le Finistère et ayant vécu en Bouchardais jusqu’en 1940 se trouvent dans les fichiers PDF ci-dessous, qui distinguent les Bigoudens, les gens du Poher, ceux du Nord-Finistère et du Morbihan.
Ces listes sont basées sur les recensements, et sur certains témoignages. Toutefois, les recensements n'ayant lieu que tous les cinq ans, un certain nombre de personnes qui ont résidé moins longtemps ne sont donc pas dans ces listes. Les enfants nés sur place, dont au moins un parent est né dans le Finistère sont mentionnés séparément à la fin des listes : on arrive alors à environ 70 enfants.
Panneaux sur cette émigration
Lors des Journées Européennes du Patrimoine 2019 à L’Ile Bouchard, dans l’exposition photo consacrée à l’histoire du Bouchardais au début du XXème siècle, deux panneaux étaient consacrés à l’histoire de ces familles bretonnes.
De nombreux visiteurs, parmi lesquels certains descendants habitant la région, et des voisins sont venus échanger informations et anecdotes sur cette période.
La fille et la petite fille des mariés de la photo de droite
Ci-dessous les deux panneaux.